Ce sont des questions souvent posées : comment échouer son Requin dans de bonnes conditions ? Faut-il le laisser se coucher ou faut-il utiliser un équipement spécifique ? Eléments de réponse.
Comme pour la plupart des bateaux classiques, l’échouage du Requin est chose peu aisée. La première idée est d’installer une béquille de part et d’autre de la coque. Des fixations sont prévues sur la plupart des modèles en bois, à proximité des cadènes. A marée basse, le Requin se cale alors sur ses béquilles et sur son nez, qui lui sert de troisième point d’appui. Malheureusement, il se murmure dans la série que l’effort supporté par l’avant n’est pas forcément très bon pour la structure de la coque.
Deux autres solutions restent envisageables. En présence d’un fond vaseux, profond d’au moins un mètre, il suffit d’amarrer le bateau de telle façon à ce qu’il ne bouge pas trop entre deux marées. Lorsque la mer descend, la quille s’enfonce comme une bêche dans la terre et le bateau se pose droit sur la vase, reprenant sa place à chaque jusant. C’est ainsi que depuis un an, mon Requin « Rackham le Rouge » (365) s’échoue sans encombre dans le vieux port de Port-Haliguen, à Quiberon, en Bretagne. Deux inconvénients toutefois : la méthode vous rend tributaire de la marée pour sortir, et n’est pas forcément la meilleure solution pour qui souhaite une coque parfaitement propre…
Le ber flottant, une solution confortable
Si le fond est dur, sablonneux ou caillouteux, il est préférable alors d’utiliser un ber flottant. Un berceau réalisé sur mesure, en barres d’acier inox de 10 cm de section, soudées les unes aux autres. Les soudures doivent être particulièrement soignées pour rendre le dispositif étanche. La fameuse poussée d’Archimède, s’appliquant sur le volume interne des barres, fait que ce ber devient flottant une fois mis à l’eau. Un ber amarré aux quatre coins par des chaînes d’une dizaine de mètre de longueur, elles-mêmes reliées au fond sur des chaînes mères ou des poids. Ce sont elles qui permettent d’amortir les effets du vent ou des courants pendant les mouvements de marée. Quant à l’amarrage du Requin sur le ber flottant, il se fait avec deux bouts frappés sur les winchs pendant la saison, et une garde supplémentaire pour les longues périodes d’inactivité. A marée basse, le bateau tient à l’horizontale, parfaitement calé sur son support métallique. A marée haute, il flotte, amarré comme il pourrait l’être à un ponton classique.
L’entretien du ber lui se réduit à un nettoyage et au changement de quatre anodes chaque année. Ce système a parfaitement fonctionné pendant six ans pour mon Requin, bravant toutes les tempêtes au cours des quelque huit mille mouvements de marées. Il est toujours en fonction au port de la Trinité, utilisé maintenant par un autre Requin. L’ensemble est facile à réaliser ou à faire fabriquer. En revanche, mieux vaut s’assurer que votre port d’accueil accepte ce genre d’équipement avant d’opter pour cette solution. De loin la plus confortable à l’usage.
Evidemment, il y a bien la bonne vieille méthode de l’échouage pur et simple. Contrairement au Dragon, le Requin a cette capacité de s’échouer couché sur le côté et de se relever de lui-même, dès que le niveau de l’eau le permet. Mais la méthode a ses limites. Il faut d’une part s’assurer que le fond est sablonneux, sans caillou, au risque d’abîmer la coque. Il faut d’autre part que le lieu d’échouage soit plutôt abrité, car la méthode ne fonctionnera pas par fort clapot. Il faut être sûr de ne pas gêner les autres bateaux environnants, en particulier avec le mât et les haubans. Enfin, il faut être certain que le côté échoué de la coque supporte la nouvelle répartition du poids. Bref beaucoup de points hasardeux qui font que l’échouage sauvage est une méthode à utiliser avec grande modération.
Patrick de Moussac – 365
Les plans du ber flottant sont disponibles en téléchargement en cliquant ici.
Que pensez-vous d’un échouage sur une cale le long d’un quai ?
(Requin 486)