Cet hiver, j’ai entrepris la restauration de mon numéro 329 : Jonas II.
Pour lire le premier épisode, c’est par ici
Jonas est sorti de l’eau pour un examen approfondi duquel il ressort que l’eau rentre essentiellement par deux endroits différents:
A l’arrière par le dernier boulon de quille (transversal et auquel on accède en démontant le safran) qui n’est plus du tout étanche.
A l’avant par une fissure existant entre le brion et l’avant du lest; en navigation, m’explique Gilles qui connait bien ce phénomène pour l’avoir expérimenté sur des Dragons anciens, lorsque l’on tend l’étai, le bateau qui n’est plus assez rigide, se referme; l’eau rentrait par cette fissure, puis migrait à travers la quille par les trous des boulons de varangues totalement mangés par la rouille.
A l’examen, nous constatons ainsi que les clous et boulons de l’ensemble des varangues de la pointe et de l’arrière sont totalement mangés par la rouille; nous n’avons aucun mal à retirer certaines va rangues à la main… évidemment, difficile d’obtenir la moindre rigidité dans ces conditions… les trois quarts des varangues sont en mauvais état, déformées ou endommagées.
Explication vraisemblable: Jonas avait par la nature de sa construction une carène étanche; ainsi l’eau qui y était présente ne pouvait plus ressortir; et l’eau laissée stagnante au fil des années a totalement corrodé tous clous et boulons galvanisés.
Jonas prend donc la direction du chantier de Gilles à Louannec, heureusement tout près de ma maison.
Je passe un mois à démonter tout l’accastillage, gratter puis poncer l’ensemble des fonds, peintures et vernis, intérieurs comme extérieurs; le safran, endommagé nous le verrons, est démonté pour être réparé; nous pratiquons un sondage des galbords pour vérifier leur état: ouf, ils sont nickel, nous n’aurons donc pas le besoin de déquiller.
Gilles passe une journée à tenter de démonter l’enrouleur de génois, d’origine, totalement oxydé; en désespoir de cause, nous le sacrifions; au passage, nous nous rendons compte que la ferrure d’étai était totalement branlante.
Nous faisons un bilan global de l’état du bateau; avec les conseils éclairés de Gilles nous programmons les travaux suivants:
Démontage et réparation du safran, réalisation de 13 varangues neuves; consolidation de celles restantes par vissage extérieur; réalisation d’une carlingue en lamellé-collé doublant la quille de la cadène d’étai au pied de mât; réalisation d’un porque en lamellé au niveau de l’étambrai: ainsi Jonas sera rigidifié longitudinalement et transversalement; les ridoirs de haubans serons montés sur un tube en inox traversant deux éléments du porque, et non plus pris directement sur les membrures intérieures; enrouleur borresen inox neuf; réalisation d’un support de barre d’écoute en lamellé collé; plancher de cockpit surélevé en teck; dépose des placages d’hiloires et de roofs (complètement noircis et irratrapables) et à nouveau plaqués à neuf; peinture de pont, de roof et de coque neuves. Enfin, puisque nous y sommes, remplacement des boulons de quille inox, l’un des boulons ayant inexplicablement cédé lors du démontage.
La mise à l’eau est prévue au début de l’été si tout va bien.
J’ai prévu de participer à la Tregor Classique à Trebeurden fin Juin, et j’espère que vous y viendrez nombreux… c’est une très belle épreuve à laquelle nos amis Dragonistes viennent nombreux; et serai présent si je peux à votre National à La Baule; si quelqu’un a une idée pour un logement à cette occasion, contactez moi SVP.
Jean-Marie Le Calvez